Détournement de l'avion du FLN

Le détournement de l’avion du FLN

Causes et soubassements

Le détournement de l’avion du FLN est sous-tendu par les considérations suivantes :

1– Suite aux succès notoires enregistrés par la Révolution Algérienne aussi bien sur les plans militaire et politique qu’organisationnel, administratif et diplomatique, le gouvernement français a réalisé que la situation en Algérie commençait à lui échapper et qu’il lui appartenait de rechercher des formes et méthodes nouvelles plus efficaces à même de lui permettre d’infliger une défaite à la Révolution, de stopper son avancée et sa progression vers son but ultime, à savoir l’indépendance totale.
Il aboutit ainsi à l’idée de porter un coup au bras politique du FLN, représenté par son bureau extérieur, chargé de l’administration des affaires de la bataille politique et diplomatique.

2– Les autorités coloniales pensaient, en entreprenant cet acte criminel, porter atteinte au moral des éléments du FLN/ALN, mais également semer la suspicion , la peur et la zizanie dans les milieux des citoyens et par conséquent anéantir la Révolution Algérienne.

Détournement de l’opération

La trame de l’opération commença à être tissée avec l’accord du gouvernement français d’assister à une réunion regroupant le Président tunisien Habib Bourguiba, le roi du Maroc Mohamed V, ainsi que les leaders de la Révolution algérienne, à savoir Ahmed Ben Bella, Hocine Aït Ahmed, Mohamed Boudiaf, Mohamed Khider et le journaliste Mustapha Lacheraf.
Par la suite, il apparut clairement que la France n’avait donné son accord pour assister à la réunion que dans le but d’attirer les cinq leaders à Marrakech pour participer à la réunion et procéder ainsi à leur arrestation.
A ce propos, il convient de signaler que les négociateurs français avaient accepté d’accorder des facilités pour le déplacement des délégués du FLN et qu’en outre, le gouvernement français n’ignorait pas que la Révolution se proposait d’envoyer une délégation pour assister à la conférence pour la paix qui devait avoir lieu à Tunis.

Par la suite, les données ont fait apparaître qu’il existait une parfaite coordination entre les différentes sphères officielles françaises, à savoir les services de renseignements, le commandement militaire et le ministère de la défense, etc.
Le 22.10.1956, à midi, l’avion marocain a décollé de l’aérodrome de Rabat, avec à son bord les cinq leaders, en direction de Tunis.
A dix-sept heures trente , lors de son survol de l’espace aérien international, l’avion marocain fut contraint, par des avions de combat français de changer de direction et de mettre le cap sur Alger.

Les réactions internationales

L’acte commis par la France a provoqué une très large vague d’indignation, de réprobation et de condamnation de la part de tous les pays du monde y compris les pays amis de la France, en plus de la réprobation des organisations syndicales et estudiantines internationales. Tous furent convaincus que la France n’avait aucunement l’intention de régler pacifiquement la question algérienne.
En réaction à l’acte commis par la France, les gouvernements tunisien et marocain ont rappelé leurs ambassadeurs à Paris et cette mesure fut à l’origine d’une tension dans les relations diplomatiques entre la Tunisie et le Maroc d’un côté et Paris de l’autre.

Dans cet ordre d’idées, la position du Maroc a consisté à exiger de la France le retour sans conditions des leaders algériens. Dans le cas contraire, l’affaire serait portée devant le Tribunal international de La Haye.
Cependant, le gouvernement français opposa un refus catégorique à la demande du Maroc, sous le prétexte que, du point de vue juridique, les cinq concernés étaient des citoyens français qui se trouvaient actuellement entre les mains d’une autorité française et il n’existait aucune loi au monde qui obligerait le gouvernement français à remettre ses citoyens à une autorité étrangère.

Réaction de l’Algérie

La Révolution Algérienne a réagi à cet acte terroriste à travers un communiqué publié par la direction du FLN/ALN, adressé au monde entier en général et au monde arabe en particulier , dans lequel elle a affirmé que l’arrestation des membres du FLN n’aura aucune incidence sur l’action politique et militaire tracée par la Révolution, que celle-ci maintiendra ses revendications essentielles exprimées dans la Déclaration du 1er novembre 1954 qui se résument dans l’indépendance totale, la libération des prisonniers politiques et les négociations avec un gouvernement national provisoire en vue d’un cessez-le-feu.
Elle ajoute qu’elle considère que la question des prisonniers est un devoir pour tous les Arabes où qu’ils soient et pour tous les hommes épris de liberté à travers le monde, que les défendre, ce n’est pas seulement défendre l’Algérie mais défendre la liberté de tous les Arabes et la question humanitaire en général.

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