La tech, moins glamour qu’avant : pourquoi les talents cherchent ailleurs

La tech, moins glamour qu’avant : pourquoi les talents cherchent ailleurs

Il y a encore quelques années, travailler dans la tech, c’était le rêve. De superbes bureaux, des salaires astronomiques, et des projets innovants. Aujourd’hui, la situation a bien changé. Les licenciements massifs, la réduction des avantages et l’incertitude pèsent sur le secteur. Résultat : de nombreux professionnels de la tech se demandent s’il est encore intéressant d’y rester.

Le rêve de la Big Tech : une histoire qui s’effrite

Michael, un ingénieur logiciel, se souvient de son arrivée dans une grande entreprise de la tech en 2021. Pour lui, c’était l’occasion de travailler avec les meilleurs développeurs et de renforcer son CV. « Travailler là-bas, c’était comme une marque de prestige. On avait l’impression de rejoindre l’élite », raconte-t-il sur bbc.com.

Les débuts étaient prometteurs. Il bossait sur des projets d’envergure et profitait d’avantages incroyables : nourriture gratuite, couverture santé premium, et même un service de blanchisserie offert par l’entreprise. « C’était clairement une bulle de confort », admet-il.

Mais au printemps 2022, les choses ont commencé à changer. L’entreprise a supprimé certains avantages, comme le service de blanchisserie. Ensuite, les repas gratuits ont été limités, et les employés devaient choisir entre dîner au bureau ou profiter de la dernière navette pour rentrer chez eux.

Quelques mois plus tard, Michael a été licencié, comme 11 000 autres employés, lors d’une vague de licenciements qui a touché l’ensemble de l’industrie. Aujourd’hui, il a quitté la tech pour travailler dans la finance, où il se sent mieux sécurisé et valorisé. « Si on m’avait dit ça avant, j’aurais répondu que je ne quitterais jamais la tech. Mais il y a une vie en dehors de ce secteur », affirme-t-il.

Pourquoi la tech n’attire plus autant ?

Jusqu’à récemment, des entreprises comme Meta, Google ou Amazon faisaient rêver. Elles offraient des salaires à six chiffres et des environnements de travail futuristes. Mais depuis l’été 2022, la tech traverse une période difficile. Entre coupes budgétaires, vagues de licenciements et retour forcé au bureau, l’image glamour du secteur a pris un coup.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Rien qu’en janvier 2024, plus de 23 000 employés ont été licenciés dans des entreprises comme Microsoft, eBay et Google. Et cela ne semble pas s’arrêter.

La fin d’une culture d’entreprise idéale

Avant, les grandes entreprises technologiques étaient célèbres pour leur culture d’entreprise unique. Repas préparés par des chefs étoilés, salles de méditation, équipements dernier cri… Tout était pensé pour attirer les meilleurs talents.

Scott Dobroski, expert en tendances de l’emploi, explique que ces avantages n’étaient pas uniquement là pour le plaisir des employés. « C’était un moyen d’attirer et de fidéliser les talents. Mais avec la pandémie, l’économie a changé, et ces entreprises ont dû s’adapter », analyse-t-il.

En 2022, l’inflation et la hausse des taux d’intérêt ont freiné la croissance des entreprises tech. Cela a d’abord conduit à des gels des embauches, puis à des licenciements massifs. Les entreprises, qui avaient trop embauché pendant le boom de 2021, ont dû rectifier le tir.

La désillusion des travailleurs

Alessandra, qui travaille dans une entreprise blockchain à Londres, fait partie de ceux qui se sentent désenchantés. Elle se souvient de ses débuts avec enthousiasme : « Quand je suis entrée pour la première fois dans nos bureaux, j’avais l’impression d’être au bon endroit. Tout allait vite, tout était nouveau. »

Mais aujourd’hui, son équipe a été réduite à peau de chagrin, et les projets se font rares. « Certains jours, je suis débordée, d’autres, je ne fais rien. C’est frustrant », confie-t-elle.

Le retour forcé au bureau n’arrange rien. Les employés doivent venir trois jours par semaine, sous peine de sanctions. Pour Alessandra, cette rigidité ajoute au malaise général. « Je ne ressens plus l’excitation que j’avais avant. Le secteur semble perdu. »

Des opportunités ailleurs

Face à cette instabilité, beaucoup de travailleurs envisagent de quitter la tech. Selon le rapport « Best Jobs of 2024 » d’Indeed, les métiers de la tech sont de moins en moins présents dans le classement des postes les plus attractifs.

Scott Dobroski confirme cette tendance : « Les gens veulent travailler dans des entreprises en croissance, où ils peuvent évoluer. Les licenciements massifs font fuir les talents et ternissent la réputation des employeurs. »

Cela ne signifie pas que tout est fini pour la tech. Certains secteurs, comme l’intelligence artificielle, continuent de recruter et d’attirer les meilleurs talents. Mais pour le reste, le marché est en pause.

Et après ?

Michael reste optimiste. Bien qu’il ait quitté le secteur, il estime que les jours de gloire reviendront. « Une fois que l’économie ira mieux, les entreprises recommenceront à embaucher massivement. Et il y aura toujours besoin de talents dans la tech. »

En attendant, de nombreux professionnels, comme Alessandra, envisagent leur plan B. « Après avoir vu tant de collègues partir ou être licenciés, c’est difficile de garder confiance. Beaucoup d’entre nous cherchent déjà une porte de sortie, que ce soit dans une autre entreprise ou carrément dans un autre secteur. »

La tech, autrefois symbole de réussite et d’innovation, traverse une période de turbulences. Les avantages qui faisaient rêver ont disparu, et l’instabilité pousse de nombreux talents à regarder ailleurs. Mais tout n’est pas perdu. Le secteur pourrait retrouver son attrait, à condition que l’économie se stabilise et que les entreprises réinvestissent dans leurs employés. En attendant, il est clair que pour beaucoup, la tech n’est plus « the place to be ».

Source : https://www.bbc.com/worklife/article/20240207-big-tech-layoffs-perks-cuts

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