La Grande Kabylie: études historiques – M. DAUMAS

Ceci n’est point, à proprement parler, un livre d’histoire, mais plutôt une chronique contemporaine.L’histoire de l’Algérie Française ne saurait être écrite de sitôt. Elle comporte, sur les hommes et sur les faits, des jugements qui n’appartiennent qu’à l’avenir. Pour apprécier avec sagesse tous les détails, toutes les phases de l’immense entreprise que notre pays s’est imposée sur la côte d’Afrique, il faut attendre,de la force des choses et du temps, la réalisation d’un ensemble complet, d’un état stable.Porter dès aujourd’hui un arrêt digne de l’histoire sur les hommes qui doivent y figurer un jour,en raison de leur rôle actif dans l’occupation de l’Algérie,c’est également une tâche bien ardue, sans doute au-dessus de nos forces, et que nous interdisent d’ailleurs les convenances de notre position. Ces personnages marquants sont nos chefs ou nos frères d’armes : comment pourrions-nous leur infliger le blâme ? comment l’éloge, dans notre bouche, ne deviendrait-il pas suspect ?Mais, placés depuis de longues années derrière eux ou a côté d’eux, nous avons vu leurs actes, nous Pouvons les conter avec autorité. Sur ce point, notre prétention s’est bornée là, et volontiers nous eussions emprunté l’épigraphe d’un beau livre: SCRIBlTURAD NARRANDUM.

D’une autre part, le contact assidu des indigènes,une participation constante à leur affaires politiques,l’étude attrayante de leurs moeurs et la possession d’un grand nombre de documents du plus haut intérêt pittoresque, nous ont permis d’entrer en quelque sorte dans le camp de nos adversaires, de contempler leur vie réelle, et d’en offrir quelques table aux où l’inexpérience de notre touche pourrait seule faire méconnaître la richesse de la palette.Nous vivons dans un siècle ennemi des mystères.La politique même, incessamment percée à jourpar les discussions publiques, semble abjurer sa dissimulation immémoriale. Or, parmi tous ses petits secrets,les moins utiles à garder sont assurément ceux qui concernent les indigènes de l’Algérie; et il n’en est peut-être pas dont la révélation puisse influer plus avantageusement sur la marche de nos affaires, soit en guidant des chefs nouveaux, soit en rectifiant sur bien des points l’opinion de la métropole. Toutefois, comme les règlements militaires ne nous laissaient point juges à cet égard, hâtons-nous d’abriter les remarques précédentes derrière l’autorité de M. le Maréchal duc d’Isly,qui a bien voulu permettre et même encourager cette publication dans les termes les plus bienveillants.

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