Matoub Lounes

Matoub Lounes, IL ÉTAIT NOUS

Les chansons de Matoub Lounes nous suivent depuis presque 20 ans, elles sont autant de témoignages de nos souffrances que de nos plus timides espérances. Elles portent en elles beaucoup de Matoub, beaucoup de notre culture et beaucoup de nous. Alors, nous entrevoyons à l’écoute de la poésie de Lounès comme une porte ouverte sur la vérité, d’une poésie qui a toujours refusé, pour paraphraser Léo Férré, « de marcher au pas ».

Aujourd’hui, et moins qu’hier, beaucoup d’entre nous se posent des questions de conscience sur notre culture, et sur son avenir incertain tant il est vrai qu’au départ l’Algérie est difficile à porter en soi, elle est un conflit intérieur à assumer. Evidemment il nous est donnée la faculté d’oublier, mais on ne peut pas s’enfoncer comme on le souhaiterait dans l’oubli, car je crois on serait encore plus nostalgique de cette perte de mémoire voulue. C’est la poésie et le charisme de Lounès Matoub qui ont su le mieux nous parler, et drainer nos esprits vers l’optimisme de ses convictions, et élargir l’espace de notre pensée.

L’œuvre de Matoub Lounes est très vaste, déjà par la quantité des albums qu’il a sorti, et par les thèmes abordés dans ses chansons. Elle fut au diapason des événements politiques, de sa vie tragique, des nôtres et de l’Algérie. Chez Matoub « je » est un autre, il lui est arrivé de prêter sa voix à des mères contemplant le retour d’un fils, et de restituer ce que ressent cette partie de lui-même, comme dans Ay ixef iw. De donner la parole aux femmes victimes du terrorisme, ainsi la sœur musulmane ou encore la révolte de la veuve nous montre la faculté qu’avait le poète à porter sa voix au secours de la femme algérienne. La figure de la femme est également constante, les chansons récentes insistent sur un amour révolu, et sur une femme au prestige impossible à renier.

La langue berbère était de tous les combats de Matoub, ainsi le dernier album est l’ultime œuvre du poète qui nous exhorte à nous unir pour qu’enfin Tamazight soit reconnu, car : s’il n’y a pas de Tamazight il n’y aura rien, rien, rien.

La poésie de Matoub n’est pas mesquine, ni modeste ni économe, elle voit grand, elle nous élève au-dessus de l’égoïsme vulgaire de l’instinct de conservation, une poésie qui risque de « nous rendre intelligents jusqu’aux conséquences ».

Nadia .H

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