Le chaâbi est incontestablement l’un des genres musicaux les plus populaires d’Algérie. Il est né au début du vingtième siècle dans la à Alger. Issu d’un mélange entre trois sources principales : la mélodie arabo-andalouse, le melhoun et la poésie amoureuse et la langue berbère, le genre appartient dans sa forme à la musique arabo-andalouse mais enrichi aujourd’hui par divers influences, européenne, arabe, et africaine dans ses mélodies et Gnaouas et berbère dans ses rythmes. Les Maîtres de la chanson d’expression kabyle sont des incontournables du patrimoine chaâbi.
Cheikh El Hasnaoui
Cheikh El Hasnaoui est l’une de figures emblématiques de la chanson Algérienne. Dans la biographie que vient de lui consacrer « Rachid Mokhtari », on touche du doigt la difficulté qu’a éprouvé l’auteur à reconstituer l’itinéraire de ce mythe. Néanmoins malgré l’absence de documentation et de témoins vivants l’ayant bien connu , ce livre qui vient de sortir chez « Chihab éditions » reste un précieux document et une tentative courageuse qui pourrait ouvrir des pistes intéressantes aux autres chercheurs. Dans les différents chapitres «Rachid Mokhtari» essaye de répondre à des questions que se posent tous les fans de Cheikh El Hasnaoui, de son vrai nom Khelouat Mohamed. Et surtout le mythe de «Fadhma» qui symbolise l’amour impossible. Et le prétexte de son départ vers la France en 1937.D’autres thèmes sont abordés comme «la voix et l’instance vocale» utilisées pour chanter l’exil. Ce procédé qui permet au chanteur de se dédoubler pour prendre la voix de la femme qui appelle au retour du mari. El Hasnaoui malgré un répertoire qui ne dépasse pas les quarante quatre chansons enregistrées a produit une ouvre de qualité transgénérationnelle. Tous les Algériens ont un air de «Cheikh El Hasnaoui» qui trotte dans la tête. La meilleure preuve c’est sa fréquence de diffusion sur les ondes Algériennes. A la fin du livre qui est vraiment captivant, l’auteur donne la transcription de certaines chansons. Après le livre sur «la chanson de l’exil» Rachid Mokhtari continue sa prospection dans l’univers de la chanson Algérienne pour lui donner une histoire et la sauver des affres de l’oubli et de la folklorisation. «Cheikh El Hasnaoui» est un document incontournable pour comprendre et mieux apprécier l’ouvre de ce chanteur mythique.
Matoub Lounès
Dès l’adolescence, Matoub Lounès compose des chansons. L’enseignement en Algérie ne lui plait pas et il devient un jeune autodidacte dans la vie.
En 1978, Matoub Lounès enregistre son premier album, Ay izem qui l’impose comme un grand espoir de la chanson algérienne d’expression berbère
En 1983, le barde kabyle alors déjà connu dans son pays se produit pour la première fois à l’Olympia. Il enregistre alors « Aurifur », un album qui remporte un vif succès.
Depuis la sortie de son premier album A Yizem anda tellid ? (Ô lion où es-tu ?) Matoub Lounès célèbre les combattants de l’indépendance et fustige les dirigeants de l’Algérie à qui il reproche d’avoir usurpé le pouvoir et de brider la liberté d’expression. Chef de file du combat pour la reconnaissance de la langue berbère, il est grièvement blessé par un gendarme en octobre 1988. Il raconte sa longue convalescence dans l’album L’Ironie du sort (1989).
Slimane Azem
Le 28 janvier 1983, il y a vingt ans donc 37 ans, Slimane Azem disparaissait.
Il mourrait en exil, dans l’exil qui était devenu pour lui un espace physique, n’ayant jamais revu son village natal de Kabylie auquel il était tant attaché et auquel il a dédié les plus belles de ses complaintes. Mais sa mort physique n’a pas fait taire sa voix fondatrice. Jamais, comme depuis son décès, Slimane Azem n’a été autant parmi nous. De jeunes chanteurs kabyles revisitent son répertoire, toujours aussi actuel.
Des universitaires et des journalistes partent à la découverte de la biographie de cet artiste emblématique de la Kabylie, terre millénaire et pourtant résolument jeune.
Slimane Azem demeure un symbole car, dans sa chair d’artiste sensible aux pulsations de la vie, il a incarné avec amour et humour, avec bonheur et douleur, l’enracinement à une langue et à une culture minorée mais impérissable. Homme de son époque, il a aussi reçu les éclats d’incompréhension des périodes troubles.
Il demeure cet artiste ancien et moderne, à mi-chemin entre le barde erratique comme Si Mohand U M’hand qui portait sa parole partout où la dignité voulait rester debout et l’homme de radio : poète et leader d’opinion.
Victime de l’ostracisme du pouvoir algérien, qui interdisait ses chansons, il a été relégué dans l’exil, rejoignant cette culture berbère qu’il voulait promouvoir, tenue, elle aussi, dans l’exil intérieur. Mais comme l’histoire ne pardonne pas aux tyrans, aujourd’hui, demain, après demain, on se souviendra encore de Slimane Azem. Mais personne ne retient le nom d’un seul de ses censeurs.
Dahmane El Harrachi
Abderrahmane Amrani mieux connu sous son nom de scène Dahmane El Harrachi, né le 7 juillet 1925, à El-Biar (un quartier d’Alger), est un auteur-compositeur algérien d’origine kabyle de musique chaabi. Il composa notamment « Ya Rayah », chanson récemment reprise par le chanteur Rachid Taha. Il décède le 31 août 1980 dans un accident de la circulation. Son chaâbi est puisé du vécu de la société à l’image du barde Kaddour El Alami. Sa voix rocailleuse chantée avec justesse se prêtait très bien à son répertoire.
Lounès Kheloui
En Kabylie, Lounès Kheloui est désigné respectueusement sous le terme de Cheikh, soit le maître, le sage et le détenteur du savoir. Cette marque d’affection et de déférence est plus que méritée.